Quelque part dans le Massif Central, dans des lieux presque oubliés des hommes, une petite ville périclite,se vide de ses habitants, seuls restent ceux qui n'ont pas pu partir. La vie y est rude, on y vit mal, pauvrement, dans l'affrontement avec une nature belle mais impitoyable. À la rudesse de la vie s'ajoute la bêtise de certains, ignorants et brutaux, sans état d'âme, prêts à violenter ceux qui ne leur ressemblent pas, le fusil à la main. C'est justement dans ce lieu inhospitalier que des personnages meurtris par la vie tentent de se reconstruire ou plutôt de ne pas se laisser détruire. Il y a entre autres Eli qui, abandonné par sa femme, voit ses rêves d'une vie commune se briser sur la solitude soudaine et met le feu à la ferme à l'abandon. Il y a aussi Louise, jeune femme qui vient trouver parmi les chevaux et la solitude des montagnes de quoi panser ses plaies. Et puis il y a le capitaine Laurentin, en fin de carrière et désillusionné, qui est dépêché pour démêler les divers incidents surgissant comme une menace, une déclaration de guerre. On sent que des comptes doivent être réglés, qu'une violence rentrée ne demande qu'à exploser. l'auteur fait doucement monter la tension, posant par petites touches des éléments inquiétants annonciateurs d'un drame à venir. Premier roman prometteur, roman noir qui aborde les thèmes de société actuels - la misère de la France périphérique, les ZAD, les agressions envers les étrangers, les femmes etc. Force est de constater que la petitesse d'esprit s'accommode bien des grands espaces! Une certaine gêne cependant à la lecture causée par un côté visiblement manichéen du récit, l'opposition caricaturale entre les gens du pays, masse bête et brutale et ceux du dehors, victimes toutes désignées. Reconnaissons cependant à cette fable sociale aux allures de western à la fin, une écriture talentueuse : maîtrise de mots et de phrases rythmées, donnant vie aux paysages et aux personnages qui s'y débattent. Très impressionnant!