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"Marcher jusqu'au soir » de Lydie Salvayre

Dernière mise à jour : 26 avr. 2019


Dernier livre tout récent de cette auteure qui signe là, dans un cadre différent et bien particulier, un chef-d'oeuvre (j'ose le dire), d'autodérision, de sincérité et de courage intellectuel étonnant. Jugez par vous-même: à l'invitation de la directrice de la collection "Ma nuit au musée", Lydie Salvayre accepte à contre-coeur de passer une nuit seule au musée Picasso face à L'Homme qui marche de Giacometti. A contre-coeur car elle n'affectionne pas ces lieux austères, mais consentante tout de même car grande admiratrice de cette oeuvre d'art qui affirme être "notre infinie solitude et notre infinie vulnérabilité", en même temps que "notre entêtement à persévérer dans le vivre". Et pourtant, face à l'évidence de la beauté et au génie de l'artiste, elle se sent prise au piège, découvrant avec stupeur qu'elle ne ressent rien, que ces oeuvres d'art ne lui procurent aucune émotion.

Commence alors une nuit terrible d'introspection où s'accumulent les questionnements sur sa position face à l'art, sur son éducation, ses origines familiales, sur le milieu artistique et ses institutions ("L'art ne valait rien sans doute, mais rien ne valait l'art"). Sur des thèmes comme l'impossible ou l'échec, elle en appelle à Giacometti en faisant l'éloge de sa radicalité, de ses échecs revendiqués et de son infinie modestie. Elle évoque aussi Virginia Woolf, Baudelaire bien sûr, et Hölderlin, dont le vers : "Va, n'avance que désarmé"(tiré de son poème "Courage du poète"), l'inspire dans sa démarche à mettre à nu ses craintes, ses doutes, ses faiblesses, ses colères, sa rage, ses révoltes. Et vous, lecteur, comment réagiriez-vous à la place de Lydie Salvayre?



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