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« Libre comme une déesse grecque » de Laure de Chantal

Dernière mise à jour : 19 févr. 2022


Dans cet essai, ce qui importe à Laure de Chantal, fine connaisseuse de la mythologie antique, c’est de libérer les figures féminines qui la peuplent des clichés et préjugés qui ont pesé et pèsent encore sur elles. Et nous découvrons que ces femmes sont bien plus libres qu’elles n’apparaissent dans les diverses interprétations et que ce dépoussiérage est effectivement éclairant pour penser la place des femmes aujourd’hui. Ce ne sont pas les Antigone, Iphigénie ou Ariane d’Anouilh ou de Racine, bien différentes de leurs aînées, qui reflètent les figures libres de la féminité.« Le propos de ce livre est de raconter la mythologie autrement pour nourrir notre réflexion sur l’émancipation et l’égalité féminine », explique l’autrice dans son introduction. Sa démarche consiste en l’évocation de portraits représentatifs de catégories qu’elle définit comme non conventionnelles : les créatrices, les guerrières, les savantes, les battantes, celles qui disent oui, celles qui disent non, les reines etc. Ce qu’elles ont en commun ? La puissance, la grandeur, la sagesse, l’intelligence, la beauté, et avant tout, le goût impétueux de la liberté – « la liberté de choix, de paroles, d’actes, de tout ce qui les anime. Cette liberté, innée et immortelle pour les déesses est pour nous toujours à conquérir ». Je ne reprendrai que quelques exemples parmi toutes les figures mises en avant dans le livre: Voici les Muses, sans lesquelles, lit-on, « il n’y aurait ni musique, ni histoire, ni danse, ni théâtre, ni poésie, ni Homère, ni Virgile, ni Hérodote, ni Iliade, ni Énéide … non plus de sciences, humaines ou implacablement inhumaines…il n’y aurait en fait ni création ni pensée ». Autant dire qu’elles sont indispensables ! Homère, Virgile, Ovide, Platon sont tombés sous le charme de ces neuf fraîches jeunes filles et chantent leur puissance et leur liberté. Voici la frêle Iphigénie, poursuivie par la tragique malédiction de la Maison des Atrides, à qui l’autrice redonne toute sa force et sa vaillance en osant affirmer que c’est elle qui a gagné la guerre de Troie et non « Achille et son courage, ni Ajax et ses biceps, ni même Ulysse et sa ruse ». Voici les bandes rebelles des Amazones guerrières parcourant et dévastant steppes et contrées à cheval. Et l’autrice de poser la question avec humour : « Si les femmes se battent, à quoi servent les hommes ? Qu’il est drôle de voir ainsi les rôles inversés ! » Voici la déesse Athéna, protectrice de la cité d’Athènes, à qui la première démocratie du monde antique confie le pouvoir. Bien avant Lope de Vega - « La femme est le meilleur de l’homme »-, les Grecs l’avaient bien compris ! Voici Antigone, dont on ne peut qu’admirer la force jusqu’à la sidération, la petite fille qui affirme son devenir adulte en sauvant son père et sa ville de la malédiction et de la guerre. Voici Junon, devant qui Zeus lui-même courbe l’échine quand elle pique ses furieuses colères. Enfin voici Aphrodite, la déesse de l’Amour et de la Beauté, qui brille comme l’astre le plus étincelant de la voûte céleste. Nous l’avons tous compris : « le meilleur de l’Homme est une femme » !


Libre comme une déesse grecque édité chez Stock, parution le 16/02/2022

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