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"Les gratitudes" de Delphine de Vigan


"Après Les Loyautés, Delphine de Vigan poursuit son exploration des lois intimes qui nous gouvernent" explique la 4e de couverture du livre.

Trois protagonistes : une vieille dame en Ehpad, sa "petite" voisine devenue grande, l'orthophoniste de la maison de retraite. Marie et Jérôme rendent visite à Michka. A tour de rôle, ils entament avec elle un dialogue de plus en plus difficile au fur et à mesure que Michka perd les mots. Car il s'agit bien des mots. Des mots pour dire. Dire qu'on aime, dire merci, dire avant qu'il ne soit trop tard. Des mots qui échoppent ...

L'action, ou plutôt l'absence d'action, se passe à huit-clos. Dans la chambre de Michka. Et ce sont trois portraits psychologiques qui peu à peu se dessinent. C'est la partie intéressante du livre.

Un mot sur les dialogues : Au plus près de la vérité des personnages, avec ce trouble du langage, cette paraphasie qui guète Michka. Ils sonnent juste, rappellent "Un mot pour un autre" de Jean Tardieu. Les presque-mots, les mots arrangés fonctionnent. Le couvre-pli (couvre-lit) - les résignants (les résidents) - une abréviation (une incinération) - en plainte (enceinte) et pas si tant d'autres néologismes.

Il y a le surnaturel aussi, le rêve qui montre la vérité en face ; la vérité stéréotypée d'une directrice de maison de retraite sans beaucoup d'empathie pour ses résignants ...

Le tout est un peu mièvre me semble-t-il, un peu "facile" mais ce tout se lit d'un trait, d'un jet, et si le sujet est plutôt triste, son traitement littéraire habile l'éclaircit d'un peu de soleil quand même.

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