« Le Mage du Kremlin » de Giuliano Da Empoli

Une datcha nichée dans une forêt de bouleaux, une bibliothèque dotée de centaines de livres anciens, un feu de bois, le temps d’une nuit et nous plongeons dans une tragédie.
Écrivain, journaliste, essayiste italo-suisse né en 1973 à Neuilly-sur-Seine, Giuliano Da Empoli fut conseiller à la culture à la mairie de Florence puis conseiller politique de Mateo Renzi. Il enseigne actuellement la politique comparée à Sciences-Po et publie régulièrement dans les journaux italiens et français.
Rompu à la politique de par son parcours cosmopolite et engagé, il publie en 2019 un essai Les Ingénieurs du chaos sur les coulisses du mouvement populiste italien et du rôle des algorithmes.
Le roman est la confession de Vadim Baranov, personnage de fiction, dont l’histoire est librement inspirée de celle de Vladislav Sourkov, idéologue de Poutine pendant 20 ans avant de disparaître mystérieusement après sa démission en 2020.
Vadim, jeune artiste d’avant-garde va croiser un opportuniste brillant à la fortune fulgurante qui va l’entrainer dans le monde du spectacle et qui au passage lui prendra la femme qu’il aime. Il devient metteur en scène puis producteur d’émissions de télé-réalité dans un milieu sans foi ni loi où règnent punks, geeks incontrôlables, motards cosaques, escort girls après la chute de l’empire soviétique. Les fortunes bonnes ou mauvaises valsent au quotidien, aujourd’hui dans le luxe, demain dans un camp.
Un jour, Vadim est approché par les services du renseignement et présenté à Vladimir Poutine.
Et là, l’auteur nous embarque au cœur du pouvoir russe, de l’ascension d’un personnage falot qui va devenir le tsar en s’entourant de conseillers dont il exige une fidélité absolue tout en jouant des uns contre les autres. Faits et personnages sont réels, le but étant de préserver éternellement l’empire, coûte que coûte, où seul le tsar décide.
Vadim, premier spin doctor, va entrer dans ce jeu brutal jusqu’à se perdre. Tiraillé par ses souvenirs de jeunesse avec son grand-père qui lui parlait de Custine, auteur de La Russie en 1839 dont il cachait ses notes de voyage dans la doublure de son chapeau, il va tenter de s’échapper.
La nuit s’achève dans la bibliothèque, une porte s’entrouvre et Anja, sa fille de 10 ans apparait, symbole de sa rédemption.
Anja , diminutif d’Anna signifie la grâce.