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"Le ciel sous nos pas" de Leïla Bahsaïn

Dernière mise à jour : 27 janv. 2019

Premier roman d’une jeune auteure, lauréate du prix de la nouvelle de Tanger en 2011, voici l’histoire d’une jeune fille qui ruse pour échapper à la pesante surveillance de la société marocaine, de sa mère et du voisinage. Elle rêve de liberté, transgresse allègrement les tabous : elle s’habille parfois en garçon, elle « couche », elle sort la nuit… La mort de sa « mère officielle », une contrebandière à la petite semaine, la conduit à Paris – en banlieue plus exactement – où vivent sa sœur et son beau-frère happés par le fondamentalisme religieux.

La force de ce roman réside dans une écriture puissante, imagée, puisée dans la traduction de ces mots arabes qui servent à évoquer ce dont on ne doit pas parler, la sexualité par exemple (pour le sperme, on dit les « poissons d’argent). Et cette phrase qui revient comme un leitmotiv tout au long du livre : « Tout se paye et s’achète au supermarché. » C’est le Maroc des petites villes ou de la banlieue de Casa, où toutes les déviances existent mais doivent demeurer cachées. Où les filles se font refaire une virginité avant le mariage. Le Maroc qui accède à la société de consommation. Qui s’émerveille de la boîte à billets dans le mur de la banque, des néons qui brillent dans la nuit.

Et la triste cité des Petits Nègres, si proche et si éloignée du « Beau Nombril du monde », ainsi qu’est nommée Paris, n’est finalement pas si différente. Il faut un cache-poussière pour s’y balader et c’est seulement à l’approche de la fac que l’héroïne peut l’ôter. La médiathèque qu’elle devra apprivoiser avant de pouvoir y pénétrer, la lecture qu’elle a découverte au Maroc, la fac… autant d’ingrédients qui la mèneront vers l’émancipation, non sans chaos.

Un livre puissant qui démarre ainsi : « J’ai l’amour maudit. »



Le ciel sous nos pas, Leïla Bahsaïn, Albin Michel, janvier 2019.














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