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« La Dame d'Alexandrie » de Yasmine Khlat


« C'était une grande bâtisse grise, je l'avais aperçue de loin, au détour d'un de ces virages qui emportent le regard de la mer en bas, de son étendue bleue parfois traversée de violet profond où devaient se mouvoir, lancinantes, invisibles, des algues entremêlées, une vie sous-marine qui, de la vieille Mercedes m'emmenant vers les hauteurs m'importait peu. Seul importait le vertige… »

On entre dans ce roman avec Claire comme on se laisse happer par ce couvent de la montagne libanaise qui nous ouvre les portes d'un monde suspendu, autour de deux femmes qui se cherchent comme la vérité qui se dérobe. Que se joue t il dans ce huis clos qui tente des échappées loin des pas feutrés des religieuses et que les chœurs des séminaristes tentent de faire éclore.

Entre Hortense, la sociologue hors d'âge et la jeune Claire recrutée sur petites annonces va se jouer une tragédie dans un huis clos presque parfait et le temps compté qui oblige au dénouement. Mais de quoi s'agit-il au fait, de travailler sur une thèse consacrée à une famille décimée par des suicides à répétition. Sauf que Claire attend avec de plus en plus d'impatience qu'Hortense ouvre réellement le dossier…vert. Mais la fougueuse assistante a ses failles que sa grande aînée perçoit, si bien que les rôles du chat et de la souris sont interchangeables. Le cri de Claire « quelqu'un est en danger » est vite repris par Hortense , qui avec ses yeux de miel et de son odeur poudrée, se bat contre un mystère qui concerne hautement Claire. La psychologie des personnages s'inverse, le dialogue se corse, puis s'arrête, deux jours sans parole, quand « Claire fait de sa beauté un bouclier"et dégaine « vous êtes liée à cette famille ».

Ce qui n'aurait pu être qu'une enquête palpitante prend -comme « Les dix petits nègres" d'Agatha Christie, avait sublimé le genre - une autre dimension , celle d'un roman passionnant où le style poétique de Yasmine Khlat, qui puise dans la nature, permet d'aborder des rivages secrets. Comme » l'idée de cette si grande fenêtre et de la proximité de la nature » qui permet à Claire de se surpasser devant la détresse d’Hortense et « de manœuvrer dans la tempête, moi qui avais toujours eu peur des eaux glauques et de la mêlée indistincte des algues".

Tout est dit et bien dit.


LA DAME D'ALEXANDRIE

Yasmine Khlat

Publié chez Elyzad








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