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«  Je suis le fils de Beethoven » de Stéphane Malandrin

Dernière mise à jour : 25 août 2020




La délirante inventivité de Stéphane Malandrin nous avait déjà impressionnés avec son premier roman Le mangeur de livres paru en 2019. Voici qu'il récidive avec un second Je suis le fils de Beethoven, qui s'impose comme le prolongement du premier dans une autre époque. L'auteur revisite la biographie de l'immense musicien Ludwig van Beethoven par le truchement judicieusement improbable d'un fils, fruit naturel d'une aventure amoureuse du jeune Beethoven avec la jeune et belle servante de la famille qui accueillit le musicien dans leur château hongrois de Martonvasar au printemps 1880. Et nous voilà accompagner ce fils fictif répondant au nom de Italo Zadouroff, qui entreprend la quête de son identité beethovénienne à travers le récit de l'épopée de sa famille, depuis la Russie de Pierre le Grand jusqu'à la Hongrie un siècle plus tard. Ce voyage aux allures de conte fantastique et de réalisme magique ne nous déçoit pas: on y côtoie des personnages à la vitalité débordante, flamboyante, jubilatoire et loufoque comme l'ancêtre russe unijambiste à la barbe rousse ou le tanneur hongrois 'hurleur de listes". Les péripéties oniriques sont autant de mouvements brillants d'une composition subtile - l'énergie vitale de la musique de Beethoven rejoint celle du récit. En passant, il aborde des thèmes profonds comme la paternité et le rapport fils-père (amour - haine), la mémoire, la création artistique. L'auteur nous entraîne avec brio dans son imagination, nous adressant sans cesse des clins d'oeil complices , débordants de truculence et d'humour. La frontière entre une véritable érudition et l'utilisation savante de la farce est si volontairement floue qu'elle en est impressionnante. Ce qui est sûr, c'est que l'auteur rend un hommage sincère et joyeux à la musique créative de Beethoven qui rythme les mots, les sensations, les sentiments, la beauté de la nature. Hommage également à la fiction littéraire: il évoque ses filiations à Montaigne, Rabelais, Borgès, auteurs jubilatoires qui jouent avec l'histoire et le lecteur.

A propos lecteur, pour le plaisir de la lecture et des sens, un petit extrait du début:

"...non, ce livre n'est pas un règlement de comptes, ce livre n'est pas un gazette mondaine, ce livre ne comporte pas les ragots du type "ho, savez-vous que Beethoven a laissé un petit bâtard à tête plate du côté de Martonvasar né dans les années 1800?" - non - ce livre n'est pas anecdotique, il est essentiel, et essentiel veut dire ceci." "Ceci" est l'objet du livre, la vie de Beethoven dont on célèbre cette année le 250ème anniversaire de sa naissance. Magistralement bien joué!

Éditions du Seuil


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