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Dans le silence nocturne de la Médiathèque


Quand il a appris qu’un écrivain allait passer une nuit dans la Médiathèque François-Mitterrand, début décembre, pour en sortir une nouvelle éditée le lendemain, Théva Nadal, agent de sécurité chargé de surveiller, deux nuits durant, le matériel des Automn’Halles et la Médiathèque elle-même, a proposé à Céline Vidal de faire de même. Le texte qui suit en est la trace, la preuve vivante que l’écriture dépasse de très loin les statuts et les préjugés, que la langue n’est plus un obstacle pour qui a quelque chose à dire qui vienne du ventre, de l’estomac. C’est tel quel que le blog des Automn’Halles livre ce texte, qui donne envie d’en savoir plus sur son auteur. Et l’inviter, le temps d’un parcours, à un rendez-vous de l’association, qui sait ?

Merci à Théva de nous avoir donné l’autorisation de l’éditer ici.



En décembre, un écrivain va passer une nuit enfermé ici, seul dans sa bulle, coupé du monde, le temps d’un instant, face à lui-même et les bouquins de cette médiathèque.

Pour voir ce qui ressort de son esprit sur une feuille blanche, il va créer, faire ressortir sa créativité. C’est le rôle d’un artiste, de nous faire rêver.


Drôle de coïncidence, je vis la même situation, malgré moi. Je suis agent de sécurité et mon entreprise m’a envoyé ici pour travailler de nuit, surveiller le matériel d’un festival (les Automn’Halles, le festival du livre de Sète). Après une discussion avec Céline Vidal, la Directrice adjointe, qui m’a raconté le défi que l’écrivain s’était lancé, une idée a germé, dans ma tête : également passionné de lecture, et d’écriture, j’ai décidé de me prêter au jeu. Et je me lance le même défi. Il est 20h20 et à peine commence la nuit, je me demande ce que je vais faire ressortir de mon esprit.


C’est ma deuxième et dernière soirée ici.

Hier je me suis perdu dans quelques bouquins, principalement des biographies.

Des bouquins à thème sociétal. Des œuvres et sujets d’actualité, des thèmes qui nous font réfléchir, travailler notre esprit critique : c’est cela qui attire le plus souvent mon attention.


Le silence, l’atmosphère, l’énergie que dégage ce lieu est incroyablement apaisant et inspirant. Je m’y sens bien.

Seul avec moi-même, mon esprit se perd dans toutes sorte de pensées.

Je pense à ma vie, mon quotidien, mes amis, ma famille, mes galères.

Je cogite sur mon avenir, ma destinée sur terre.

Mes projets, mes envies , mes peurs et mes souffrances.

Je rêve souvent d’explorer le monde, de quitter à nouveau la France.

Je pense à ce monde qui va mal. À ce qu’on lui inflige, ça m’inspire souvent pour des textes de rap que j’écris. Des textes, des slams, des poésies.

Face à la solitude mes pensées vagabondent dans mon esprit, ca me prend au ventre.

J’ai envie de créer, d’explorer l’inconnu, voir ce qui se cache en moi.

Il n’y a pas de limite à la création, elle est infinie à partir du moment où l’on croit en soi.

Je me promène dans les couloirs, seul, je tue le temps, des bouquins interpellent mon attention : tellement d’histoires différentes, d’informations, de richesse entre ces murs !

J’aimerais que la jeunesse pose ses téléphones, que davantage de personnes s’y intéressent mais cela me paraît dur.

L’écriture comme thérapie pour me sentir en vie.

La lecture pour voyager, apaiser mon âme et mon esprit.

Des souffrances qui ont besoin d’être soulagées,

Des blessures, des plaies, qui ont besoin d’être refermées.

Et c’est dans l’encre d’un bouquin que j’aime me perdre, me noyer,

Le temps d’un instant, oublier la réalité.


De nuit, sans personne, c’est un autre monde, le silence y est agréable.

Je surveille le matériel d’un festival, mais c’est le calme qui règne, et cela me laisse le temps d’écrire, de penser.

J’entends les bruits extérieurs de la rue, des piétons, de la ville.

Il est 22h05, et ils se font de plus en plus rares.


Par moment dans la médiathèque, quand je ne bouge pas, je reste dans le noir. Lumière allumée et éteinte l’atmosphère y est totalement différente.

Dans le noir je cogite, j’écris ce qui me vient en tête.

Quand j’allume les lumières, les couloirs prennent vie.

J’ai envie d’explorer, je n’ai que ça à faire toute la nuit.

C’est en quelque sorte un voyage qu’on fait seul sans forcément se déplacer.

Je suis seul, le bâtiment est grand, sur ma montre je vois le temp passer.


J’écris sans savoir quelle direction je prends.

C’est au feeling, ce qui me vient en tête.

Finir sur une touche de poésie me correspond, j’espère, non, j’en suis sûr. L’inspiration va venir à moi avant 8h00, la fin de ma vacation.



Glacial


Silencieux et frais,

Le début de l’hiver, et la fin de l’été.

La pluie,

Pour me tenir compagnie.

La solitude,

Avec qui discuter toute la nuit.

Je le fais par choix,

D’autre ne l’ont pas.

N’attendent qu’une main tendue,

Pourtant, s’en promène à perte de vue,.

Et parfois un sourire suffit,

Pour éclairer leurs vies.


Une pensée, pour ces sans-abris,

Qui traversent l’hiver,

Qui luttent, quand leur corps se refroidissent,

Des batailles menées dans la misère,

Menées dans le silence.

Pas obligé d’être dans l’humanitaire,

Pour donner un peu de notre temps,

Pour échanger quelques mots,

Et briser leur quotidien de solitaire.


Des yeux bleus remplis de vie,

Pourtant celle-ci ne lui laisse aucun répit.

On casse les préjugés,

On aborde, sans arrière-pensée.

On échange,

La voix tremblante.

On se rend compte du bien que l’on fait,

Et parfois une larme coule,

Ça coûte rien et ça fait du bien de se confier.


Sous la lune,

L’hiver est glacial,

D’autant plus sur un bitume,

C’est plus qu’une bataille,

C’est un combat contre la vie,

Pour la vie.

Tendez-leur la main

Ils vous diront merci.


Théva Nadal – © Tous droits réservés.


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