FESTIVAL DU LIVRE DE SÈTE

15e AUTOMN’HALLES

DU 25 AU 29 SEPTEMBRE 2024

RENDEZ-VOUS DE MAI


Avec Le nageur (Gallimard, 2023), Pierre Assouline revient sur l’une des trajectoires les plus emblématiques et exemplaires à la fois de l’histoire du sport français.


Celle d’Alfred Nakache, un authentique champion de natation, champion du monde du 200 m brasse papillon, qui participa aux J.O. de Berlin en 1936 comme à ceux de Londres en 1948.


Alfred Nakache est mort en 1983 dans sa chère Méditerranée, il est enterré dans le carré juif du cimetière Le Py à Sète. 

 

Avec le témoignage de Jean-Marie Taillade qui a bien connu Alfred Nakache. 


Une rencontre coproduite par FILOMER à l'occasion du Relais de la Flamme Olympique.

LE BLOG DES AUTOMN’HALLES

par Jean-Renaud Cuaz 03 mai, 2024
ÉDITO Le programme se peaufine et l’affiche est belle, encore, cette année. On ira au Musée Paul Valéry, au Réservoir, au MIAM, sur la Place du Pouffre — pour les auteurs et éditeurs locaux et régionaux — pour rejoindre la Médiathèque Mitterrand, le week-end. Il y aura un prix de littérature maritime décerné sur l’ Amadeus , des auteurs en rencontre en milieu scolaire, Dadou, le dessinateur bien connu, ici. Les Automn’Halles fêtent ses 15 ans, avec Pierre Assouline qui vient en amont, le 11 mai (17h, Chapelle des Pénitents), pour une rencontre olympique autour d’Alfred Nakache, en coproduction avec Filomer. Comme il y a un livre pour chacun, la rencontre avec un auteur peut s’avérer décisive, dans une vie. Tiens, je vais vous faire une confidence : j’avais 17 ans quand Assouline est venu à la FNAC présenter son Épuration des intellectuels , 17 ans — et on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans — quand je l’ai vu ajouter, en numérique, le nom de Paul Nizan à ceux des écrivains victimes de la guerre. 38 ans après, je ne manquerai pas de le lui rappeler. Amitiés littéraires Laurent Cachard Président du Festival du livre de Sète – Les Automn’Halles
par Marie-Ange Hoffmann 02 mai, 2024
Malart , un titre, on ne peut plus simple, qui est comme un clin d’œil au lecteur que ce polar-là, le dernier opus de la tétralogie espagnol de Aro Sáinz de la Maza, devrait être différent des autres. On soupçonne que si l’auteur a mis en avant le seul nom de son héros en première page de couverture, celui-ci sera sans doute le cœur battant de cette nouvelle intrigue. Une façon astucieuse de titiller la curiosité du lecteur qui, s’il connaît déjà Milo Malart, le policier aux improbables mais efficaces méthodes, se hâtera d’ouvrir le livre, d’autant plus qu’il est question d’abîme dans l’exergue. Comme dans les précédents romans, un prologue plante le décor et des indices qui amèneront à la tragédie. Elle aimait courir à travers la ville de bon matin , ainsi commence l’histoire. Une jeune femme qui n’est pas nommée nous entraîne dans sa course et nous apprenons que courir est pour elle une activité vitale, qu’elle est au bord d’un précipice sans fond , sous l’emprise d’un traumatisme d’enfance dévastateur dont elle essaie de se libérer. Les analogies avec l’inspecteur Malart et son histoire de schizophrénie familiale s’imposent alors, comme les thèmes récurrents de l’auteur que sont le pouvoir de l’argent et la corruption des médias et de la police. La jeune fille qui court assiste par hasard à un accident causé par un couple visiblement sous effets de drogues dans une voiture de luxe et on se doute que ces deux personnages sont peu recommandables, des très méchants, comme ceux que traque l’inspecteur Malart. Malart, le voici qui apparaît au chapitre suivant intitulé Jeudi 28 novembre, Barcelone, trois heures douze . L’horloge du temps est en marche. Non sans un certain génie, l’auteur construit habilement l’intrigue en mettant en scène un homme — qu’il n’identifie pas immédiatement comme étant l’inspecteur Malart — dans une très mauvaise posture, il flottait à la surface de la mer comme un poids mort . Assiste-t-on à la mort par noyade de Milo Malart ? Cela en a tout l’air, mais on n’y croit pas ! Et le lecteur n’est pas le seul à avoir confiance en Malart. Sa partenaire, la sous-inspectrice Rebecca Mercader et ses co-équipiers du Groupe s’inquiètent de sa disparition et entreprendront trois jours d’enquête effrénée pour tenter de le retrouver. Sans trop dévoiler de l’intrigue, qu’il soit dit qu’on découvrira le couple responsable de l’accident de voiture du début — deux psychopathes rejetons de la très haute société catalane — tous deux définitivement morts, fixés à la poupe de leur yacht somptueux dérivant à quelques miles de la côte. Ce qui est complètement fou, c’est qu’il semble que l’inspecteur Malart soit l’auteur du double crime : les preuves sont accablantes, le yacht est truffé de ses empreintes et Milo reste introuvable. Alors que la presse, le juge et les réseaux sociaux enflammés par les familles des deux morts demandent sa peau, seuls Rebecca et ses collègues vont tenter de sauver Malart. Mais ce ne sera pas chose facile ! Le doute commença à s’ouvrir un chemin dans son cerveau. Le poids des preuves était accablant, écrasant. Tout comme les indices. Comment était-ce déjà ce que lui disait toujours Malart ? « Ne cherche pas, efforce-toi de trouver. Il est aussi important de voir ce qu’il y a, que ce qu’il n’y a pas. Si tu espères trouver quelque chose de concret, tu ne pourras pas voir le reste. » Comme toujours chez Aro Sáinz de la Maza, la dimension psychologique analysée finement joue un rôle primordial, comme la description qui ne fait pas dans la dentelle d’une Barcelone gangrénée par la corruption et le pouvoir de l’argent. Même si Milart semble baisser les bras, obsédé par son impuissance à vaincre la perversité des puissants et hanté par une névrose obsessionnelle, même si son équipe a toutes les peines du monde à le sauver, on ne peut croire que le Mal puisse avoir le dernier mot ! Et on marche à fond avec Mercader lorsqu’elle décide d’adopter la méthode de mimétisme chère à Malart — Je veux mettre la méthode de Malart en pratique…L’idée est d’essayer de comprendre le coupable au maximum, je veux dire le plus humainement possible. L’intrigue est bien construite avec une progression captivante de plus en plus serrée, de rebondissements en rebondissements où l’apparition des personnages du début prennent tout leur sens, jusqu’au dénouement qui reste sur un point d’interrogation ! Une fois de plus, Malart et son Groupe ne déçoivent pas le lecteur, qui espère une suite… Malart Aro Sáinz de la Maza Éditions Actes Sud (Actes noirs 2024) Traduit de l’espagnol par Serge Mestre
par Marie-Ange Hoffmann 24 avr., 2024
Sans être une fanatique lectrice de BD, je dois avouer que cet ouvrage s’impose à moi comme une véritable découverte esthétique, artistique et littéraire. Nul doute que deux passions guident l’auteur : le dessin et la musique. Concerto pour main gauche , une biographie librement inspirée de la vie du pianiste Paul Wittgenstein qui, amputé de son bras droit suite à une blessure de guerre, n’abdique pas et transforme son handicap en force. Il continue de jouer des œuvres composées pour lui et sa main gauche, notamment le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel. Le lecteur pénètre d’emblée la psyché d’un personnage ambivalent, torturé par des émotions violentes que le dessin onirique de l’auteur reflète magistralement. Le regard du lecteur suit le récit, fasciné par le graphisme en noir et blanc tout en volutes fines et subtiles, qui tissent un paysage sonore et poétique où s’accumulent des motifs géométriques et des figures métaphoriques d’une grande intensité. Le dessin n’est rien d’autre que la musique transformée en images, le ressenti émotionnel transformé en formes fantastiques, symboliques. Il fait penser aux bestiaires grotesques d’un Jérôme Bosch, mais aussi aux fines et poétiques estampes japonaises ou miniatures persanes, mais aussi aux arts dits « naïfs ». Autant dire une multitude d’influences qui se tissent et s’entrelacent en un miroir où se reflète l’âme tourmentée du pianiste. Ce n’est pas une biographie réaliste qui intéresse l’auteur, ni même le côté héroïque du personnage, mais bien davantage ses faiblesses, ses lâchetés, ses trahisons, ses parts d’ombre, ses fantômes. C’est en quelque sorte une biographie intérieure. Et puis il y a le texte qui chemine avec le dessin, écrit à la première personne, nourri de quelques références littéraires discrètes (Blaise Cendrars et son amputation du bras droit, Don Quichotte aussi). Le contexte historique est également très présent. La tragédie de la Seconde Guerre mondiale, la spoliation des Juifs par les nazis, la gangrène de l’antisémitisme, tous ses bouleversements alimentent le mal être de l’artiste blessé dans son amour-propre. Heureusement, il y a la musique et le piano qui sont un ressort existentiel pour s’en sortir, une épave comme refuge contre le désespoir. Certes, le pianiste entretient un rapport à son instrument qu’on peut qualifier de conflictuel, mais il ne perd pas la foi en la musique et en son jeu. Constamment, il se remet en question en tant qu’être humain et en tant qu’artiste. Il n’est certes pas un saint, serait même détestable — ses colères, son comportement lâche envers sa femme, son adéquation au nazisme — mais il finit par être touchant dans sa quête du sens de l’existence et de la mort… Après tout qu’importe … Puisque le silence aussi est musique. Roman graphique où s’entrelacent la musique — …[nous] écoutions alors la musique parler de ce qu’on ne dit pas —, la perte — De l’amputation, de la douleur et du désespoir, je ne parlai à personne… Ma main gauche courait sur le clavier, et la musique disait tout —, la guerre — En plus d’être amputé, j’étais donc prisonnier. Je me souciais pourtant très peu de cette perte de liberté. À quoi bon, puisque je ne pouvais plus être pianiste ? —, la violence des sentiments — J’étais un jeune homme plein de patriotisme, de colère rentrée, de détestation et de crainte de l’étranger. Autant d’éléments qui n’étaient que le pâle reflet de la haine que j’éprouvais envers moi-même —, l’exil — Avais-je laissé mon talent en Europe en traversant l’océan ? s’y était-il consumé dans les flammes, l’horreur et la cruauté ? Peut-être la musique n’était-elle plus possible pour moi après la disparition irrémédiable du monde dans lequel j’étais né ? — Une véritable réussite de l’alliance du texte et du dessin. Un objet d’art unique à mes yeux . Concerto pour main gauche Roman graphique de Yann Damezin Éditions La Boîte à Bulles (2019)
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